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lundi 15 novembre 2010

République du Rif

AUX MARTYRS DE L’HISTOIRE ou Hommes Libres

AUX MARTYRS DE L’HISTOIRE ou Hommes Libres
Des écrits d’historiens, de journalistes, d’hommes politiques ont longtemps  soutenus que, depuis ses origines qui remontent à plus de 3000 ans avant Jésus Christ, l’Afrique du Nord n’a pas participé au mouvement de l’histoire ou si elle l’a fait, c’était à titre d’accompagnatrice d’une dynamique exogène.
En somme, les Amazighs - d’Afrique du Nord -, ont toujours été aux marges de l’histoire. Ils auraient porté haut les cultures punique, latine, arabe et dans une certaine mesure française, mais n’ont jamais porté haut leur propre culture, n’ont jamais constitué d’empire, n’ont pas  érigé d’Etat unifié. Ils n’auront été que des tributs épars, désunis, des « marches » pour des pouvoirs étrangers.
Ce jugement vrai en apparence, mérite d’être nuancé au vu des conditions géographiques et économiques de ce sous-continent qu’est Tamezgha « berbèrie », d’Afrique du Nord
D’abord, un observateur ne doit pas perdre de vue que la constitution d’un empire obéit à certains principes. Un empire est toujours une union forcée de plusieurs peuplades, lesquelles ne souhaitent à priori que leur autonomie. Un empire est toujours coercitif. C’est un empereur qui dispose d’une puissante armée qui puisse briser toute velléité d’indépendance.
Et l’armée a besoin – notamment depuis l’invention de l’agriculture – d’une base économique très riche pour se procurer nourriture, chevaux, armement. Seuls les sols très riches, très étendus disposant de beaucoup d’eau douce et situés en zones chaudes pouvaient nourrir les paysans, les artisans et entretenir une armée.
C’est pourquoi, dès l’apparition de l’agriculture, le Nil, le Yang Tse Keang, l’Inde, le Gange, l’Euphrate et le Tigre ont érigé les premiers empires, les premières civilisations. Le Pharaon à Tébés ou Memphis étendait sa domination sur l’Egypte de la méditerranée jusqu’au désert, l’empereur de chine, du pacifique jusqu’à l’Himalaya, l’empereur mogol de l’Himalaya à l’océan Indien. On peut même avancer que les USA sont le produit  du fleuve Mississipi- Missouri.- .
De petits empires ou royautés se sont constitués à certains moments lors de la décadence de certaines civilisations, ils ont été éphémères  (Indochine, Japon féodal, Corée, Combodge, fiefs féodaux en Europe….et même royaumes Amazighs – berbères -).
Il se trouve qu’en ce qui concerne, Tamezgha – berbèrie -, le relief très montagneux ne prédisposait pas à l’émergence d’un empire. C’est une région qui couvre 6.000.000km2, bien plus vaste que toute L’Europe et l’Asie Orientale, que l’altitude moyenne est très élevée (800m pour l’Algérie, un peut moins pour le Maroc et la Tunisie) que les montagnes morcellent le pays en de nombreuses petites plaines, très exigus avec souvent des défis hydriques conséquents, que les déserts sont sous peuplés.

En somme aucune petite plaine n’avait la population suffisante, la richesse suffisante, l’armée suffisante pour soumettre les autres petites plaines et ériger un Etat sur toute   Tamezgha – l’Afrique du Nord - Chaque petite plaine avait tendance à se constituer en entité autonome, jalouse de son indépendance. Le Tell Tunisien, le rivage Libyen, la plaine de Bounamoussa, le plateau Sétifien,  la Mitidja ( avec Alger), la plaine du Sig et surtout la plaine du Gharb au Maroc, ont érigé des Etats qui ont connu des fortunes diverses.
Par deux fois avec les Almoravides et les Almohades ce seront des cavaliers de l’Atlas - soutenus économiquement par les riches plaines céréalières de la bordure atlantique (avec Rabat) - qui feront par la violence l’unité de Tamezgha -l’Afrique du Nord -, incluant même le sud de l’Espagne. Ce seront des empires despotiques et intégristes à l’exemple du Saint Empire Germanique.
Par contre, la constitution de l’empire a à chaque fois rencontrée de fortes résistances. L’envahisseur, à chaque fois, a pu casser l’Etat central avec aisance parce que l’Etat central ne pouvait s’appuyer sur une armée autochtone impossible à nourrir. Mais, l’envahisseur, lorsqu’il s’attaquait aux tribus prises isolement avait du fil à retordre parce que chaque tribu tenait à défendre ses terres et le statut d’hommes libres de ses habitants.
Une remarque importante est à effectuer à ce sujet : les habitants de ces petites plaines ont toujours été des hommes libres parce qu’il n’existait aucune force externe susceptible de les asservir. Les grands empires ont bâti leur puissance sur l’esclavage, les petites plaines ont été des zones de liberté- des amazighes. Même en Europe médiévale, les royaumes se sont érigés autour de la Seine (royaume franc) de la Garonne (Aquitaine), Rhin et Meuse (Allemagne - Hollande), de la Tamise (Angleterre).a de tout temps été une paysannerie armée pour préserver son statut. 
Tous les fiefs, en Europe, se sont basés sur le servage pour construire églises et châteaux  forts. Toute proportion gardée Tamezgha - l’Afrique du Nord -, même avec les empires autochtones, n’a pu connaître une telle soumission. Et comme preuve, la paysannerie en Berbèrie.
Les seules fois où l’Afrique du Nord a été désarmée ce fut lors de la colonisation française et lors de la constitution d’Etats post-indépendance, c'est-à-dire quand la population a cessé d’être maîtresse de son destin.
En somme, la configuration géographique - de nombreuses petites plaines isolées les unes des autres par des chaînes montagneuses - a prédisposé en Berberie à l’autonomie des tribus et à la libération de l’homme et même à des institutions relativement démocratiques (Djemaa..), elle a aussi engendré la fragilité de l’Etat central qui tombait facilement sous les coups de boutoirs de l’ennemi extérieur que ce soit Rome, Damas, Istanbul ou Paris.
Pour la vérité historique, il faut ajouter que même les petits Etats ou Royaumes n’étaient pas exempts  de violence ou d’archaïsmes
Les Djemaas excluaient les femmes, les étrangers et les familles réputées d’origines noires. Le Sud a Jusqu’à un passé très récent été le théâtre d’un esclavage le plus éhonté. La traite des noirs n’a été abolie- du moins en Algérie- qu’en 1848 par un décret français.
Les juifs et les noirs n’avaient pas le droit de porter une arme ou même de monter à cheval. Les Juifs devaient porter une coiffe spéciale pour les distinguer des musulmans. Bien entendu ce statut minoré des juifs n’était rien à coté des massacres qu’ils subissaient en Europe.
Aujourd’hui que les contraintes géographiques sont dépassées,  que les communications se font à un clic « de souris » sur Internet d’autres problèmes ont surgi.
Pourtant en 1958, à Tanger, Tamezgha -l’Afrique du Nord - avait émis l’espoir d’une unité. En vain l’égoïsme des Etats - Nations l’a emporté sur la logique d’union. Pourtant on ne peut pas parler de nation Marocaine, Algérienne ou Tunisienne ou autres. C’est le même peuple, la même culture, les mêmes mythes fondateurs. Les Etats ont forgé leur propre logique conservatrice et souvent archaïque. Hélas, il a fallu des pressions externes pour stimuler un processus d’union. L’amorce a été faite à Barcelone en 1985, l’OMC, l’UE auraient souhaité un bloc nord africain uni. De nouveau l’extérieur est plus déterminant. Peut être que l’écart technologique entre Tamezgha  et l’Occident va-t-il nous contraindre à un rattrapage qui ne peut être que le résultat d’une union.


                                                                        Madjid AIT MOHAMED

samedi 13 novembre 2010

Le Royaume des Berghouata


    
Qui sont ces Berghouata? Qui ont régné de 742 à 1148, sans laisser la moindre trace dans l’histoire officielle. Leur nom ne figure nulle part dans les manuels scolaires d’histoire. Il est vraisemblable que tous les archives qui les concernant ont été délibérément détruits pour faire passer sous silence l’existence d’un peuple qui dérangeait les idéologies arabo-islamiques qui avaient dèja atteint une grande ampleur au Maghreb. Très peu savent que les Berghouata furent la dernière dynastie dont les rois étaient des marocains de souche, des fils du bled du premier jusqu’au dernier. Ils ont régné sur la région de Tamesna de Salé à Safi (ce qu’on nomme aujourd’hui le Maroc utile), surtout ils avaient leur propre prophète, leur coran et leurs rites. Ils étaient connus également sous le nom de Béni Tarif, d’après le nom du fondateur de la principauté, qui avait rejoint le dessident kharijite Mayssara et porter le glaive contre les conquérants musulmans. La plupart des historiens décèlent que les Berghouata, proviennent de la dynastie berbère des Bacchus, et que Tarif est un amazigh. Les berbères de Masmouda et Zénata ont désigné Tarif  comme chef.  Il fut considéré comme le fondateur de la principauté des Berghouata, mais son fils Salih qui passe pour être le fondateur spirituel et le créateur de la religion des Berghouata. Les Berghouata voulaient recréer une copie conforme dans le Maghreb sous le troisième prince de la lignée, Younès pour que la prophétie des Béni Tarif soit révélée.


        Il imposa une religion d’une manière de Coran comprenant quatre vingt sourates qui portaient presque toutes le nom d’un Prophète, on y comptait celui d’Adam, Ayoub, Pharaon, Harout…..Ni Salih qui avait peur pour sa vie, ni même son fils à qui son père a confié sa religion, sa science, ses principes et son « fiqh », ne se sont proclamés prophètes, ils restèrent tous deux partisans des Ibadites de la fraction des Kharijites (musulmans plaidant pour la démocratie et l’égalitarisme). Exactement comme l’avait fait, avant lui, le prophète Mohamed en Orient. Younès eut même recours à un autre verset du Coran pour faire prévaloir le statut mérité de son grand père en tant que prophète : « Et nous n’avons envoyé de Messager que dans la langue de son peuple » (sourate Ibrahim, verset, 4). Son argument est simple : Mohamed étant arabe, Salih a d’autant plus le droit de transmettre le message de Dieu auprès des siens au Maroc. Younès a même prédit que son grand-père allait réapparaître sous le règne du 7eme roi des Béni Tarif en tant que « Al Mehdi Al Mountadar » (inspiration chiite).

D’après l’historien Mouloud Achaq et selon Mohamed Talbi qui avance que la religion des Béni Tarif ne s’est pas totalement écartée se l’Islam. Elle s’est contentée de l’adapter dans une version amazighe, locale et indépendante de l’Orient, en se dotant d’un coran local et d’un prophète local. Ils voulaient probablement montrer qu’ils n’avaient pas de leçon à recevoir des despotes de l’Orient et qu’ils pouvaient produire leurs propres règles religieuses. Dans les faits, douze tribus seulement ont accepté la prophétie des Béni Tarif. Les autres tribus sous leur domination, et dont le nombre s’élevait à 17, ont gardé leur ancienne confession, l’Islam moutazilite. Or, les Berghouata sont comportés avec ces tribus comme des alliés et ne les ont pas persécutées au nom de la nouvelle religion. Au niveau de la population, les rites des Berghouata s’apparentaient de manière étonnante aux croyances païennes ancestrales et aux pratiques de sorcellerie, dont la sacralisation du coq, ils disent toujours, au lever du jour, « la tay wadane afellous » (le coq appelle à la prière). Selon l’orientaliste Nahoum Slouch, l’interdiction de manger la chair de coq proviendrait des Juifs du Machreq au Sahara. Ce qui a incité Slouch à affirmer que « la religion des Berghouata est musulmane dans sa forme, berbère dans ses rites et juive dans son fond et ses tendances ».

A une différence près : Les préceptes régissant le dogme, étaient nombreux et hétérodoxes, un jêune hebdomadaire du jeudi était obligatoire, la prière était faite cinq fois le jour et cinq fois la nuit, la prière publique se faisait à l’aurore (fjer) non le vendredi à midi (dhor), aucun appel (adène) à la prière ni rappel (ikamat). Une partie de leur prière  se faisait sans prosternement (rekât) et une autre à la façon Orthodoxe, ils récitaient la moitié de leur coran pendant qu’ils étaient debout et l’autre moitié pendant les inclinations. Le salut était en dialecte berghouati "Dieu est au dessus de nous, rien de la terre ni des cieux ne lui est inconnu ". Tout Berghouati pouvait épouser autant de femmes qui le lui permettaient ses possibilités mais il ne pouvait contacter union ni avec une musulmane orthodoxe ni avec une cousine jusqu’au troisième degré. Il peut répudier et reprendre ses femmes. Le menteur était flétri du titre d’el morhaier (qui s’éloigne de la vérité) et généralement expulsé du pays. Comme alimentation étaient illicites la tête et la panse des animaux.

La région de Tamesna, traversée de forêts et de ruisseaux, qu’est née l’idée de nature hantée. Quant à la réticence à manger la tête de certains animaux, dont le poisson, et l’interdiction de manger les œufs, elles sont toujours de rigueur chez certaines tribus des Masmouda qui se sont réfugiées dans le Souss, après la dissolution de la principauté des Berghouata dont la mise en échec n’a pas été chose facile, loin s »en faut. Qu’est-ce qui lui a donné une telle force de résistance.

Après le carnage de Oued Beht et celui du village de Timaghine, qui leur ont permis d’élargir leur domination au début du 10eme siècle, Abdellah Abou Al Ansar, un roi berghouati pacifiste et cultivé est arrivé au pouvoir. A l’inverse de ses prédécesseurs, a réussi à fédérer nombre d’alliés sans avoir à répandre le sang. Al Bakri raconte qu’il rassemblait ses hommes, préparait son armée et s’apprêtait à lancer des attaques contre les tribus avoisinantes. Lorsque ces derniers lui offraient des présents dans une tentative d’attirer sa sympathie et qu’il acceptait leurs présents, il dispersait ses hommes en signe de renoncement à l’attaque envisagée. Cette description montre à quel point les tribus entourant le royaume des Berghouata craignaient ces derniers et tenaient à maintenir une trêve avec eux, liées par un lien national propre aux Berghouata.
1- Lien des Béni Tarif, détenteurs du pouvoir et les leaders de l’alliance idéologique et         spirituelle du royaume.
2- Suivi des Masmouda, qui jouissaient d’un rang social privilégié.
3- Des Zénata et des Sanhaja, dont le rang social, s’étaient améliorés grâce à leur activité commerciale.
4- Toutes tribus soudanaises, grâce à leur bonne maîtrise du flux des caravanes provenant du Sahara.

A ce phénomène, Ahmed Siraj pense, quant à lui, que chez les Berghouata « les tribus faisaient les frontières », elles faisaient quelque 400 fortifications dans leurs villes stratégiques, telles Chellah, Fédala ou Anfa. Mais leur puissance réelle résidait dans leur force économique. Ils pouvaient selon Ibn Haouqal, avoir des échanges commerciaux même avec des gens d’Aghmet, du Souss et du Sijilmassa. Au point de vue agriculture, il suffit de citer Léon l’Africain « de blé égale du temps de ces hérétiques, l’abondance du blé était telle que les gens échangeaient une quantité à ce que pouvait porter un chameau, contre une paire de babouches »
.      Seulement, jusqu’en 1994 que les premières tentatives d’exploration de la mémoire des Berghouata qu’a commencé les travaux, dont le but initial était de constituer la carte archéologique de la région de Mohammedia, ont permis dans un premier temps de découvrir le site de « Makoul » que le géographe Al idrissi et l’historien Ibn Khatib signalaient sur la route reliant Salé à Marrakech. Après, ils ont découvert d’autres tombeaux empreints de motifs ornementaux à proximité de la route reliant Casablanca à Rabat, non loin de Oued El Maleh sur le site de Sidi Bouamar. Chose surprenante, des tombeaux similaires qui étaient également sous le pouvoir des Berghouata dans les régions de Chaouia, Doukkala et Abda. Même opération de recherche, on découvrit un site, évoqué d’ailleurs par l’historien Michaux Bellaire, que l’on nommait « cimetière des Mages (Al Majous) ». Ce lieu serait un des rares témoignages attestant de la mémoire collective des Berghouata et l’image que les musulmans avaient d’eux à l’époque.

Leur puissance militaire allait se manifester clairement lorsque le fondateur de la dynastie Almoravide, Abdellah Ibn Yassine, a essayé de les anéantir en 1059. Sur cet événement, Mouloud Achaq nous raconte : Ibn Yassine s’est aventuré dans cette péripétie sans préparation. Il croyait pouvoir vaincre les Berghouata alors qu’il venait du désert et que ceux qu’il venait combattre connaissaient mieux leur région, difficile à pénétrer. Il sera tué dans cette bataille et inhumé dans un village perdu du nom de Kérifla.

Le royaume des Berghouata a résisté plus de quatre siècles, en effet jusqu’au milieu de XIIe siècle, ils ont su sauvegarder leur souveraineté et leur indépendance. Ils ont subi les attaques successives des Idrissides, des Fatimides, des Zirides, des Zénata et même des Almoravides. Toutes ces puissances ne seront parvenues à les anéantir. Ce sont les Almohades qui en viendront à bout à ce royaume amazigh original, qui était un peuple d’une vaillance et d’une robustesse incomparable, hommes et femmes se distinguaient par leur beauté et par leur extraordinaire force musculaire. C’est par Abdelmounen ben Ali El Goumi de la dynastie des Almohades qui a probablement conduit à l’anéantissement du Maroc officiel et petit à petit effacé leurs traces, en important des tribus arabes de Tunisie pour remplacer les tribus affiliées aux Berghouata et en changeant l’appellation de la région (Tamesna) par Chaouia. Ainsi, le directeur de l’Institut royal des études d’histoire, Mohamed Kabli, nous assure que le manuel de l’histoire du Maroc en cours de préparation recèlera pour la première fois le peu qu’on sait sur la dynastie des Berghouata.

Aperçu sur l’Histoire Amazighs « Berbères »



              



Le peuple amazigh « Berbères » est réparti dans une douzaine de pays africains, de la méditerranée au sud du Niger, de l’atlantique au voisinage du Nil « Egypte ». La dénomination de berbérie vient des Romains qui jugeaient ses habitants étrangers à leur  civilisation. Les arabes, venus de l’est, en firent le mot Braber avant qu’ils ne l’a baptisent Djazira El Maghrib « l’Ile de l’occident – Maghreb El Aqça ». Les Romains étendirent à tous les habitants de tamazgha « Berbèrie » le nom de Maures,  réservé d’abord aux populations du Maroc septentrional.   Au XIX, les géographes créèrent les termes d’Afrique mineure, pour marquer qu’il s’agit d’un petit continent engagé dans un grand. Plus tard ce terme fut place à la dénomination d’Afrique septentrionale ou Afrique du Nord qui devint, dès le départ forcé des ex colonisateurs européens, Maghreb Arabe. Cette dernière dénomination d’inspiration idéologique et politique panarabiste prônée par le chrétien laïque Irakien Michel Aflak consiste en la construction d’un monde arabe  en occultant la réalité sociologique de la cité, l’implantation géographique du s/continent africain qu’est l’Afrique du nord et en faisant fi de l’histoire. Ce qui constitue une nouvelle et inutile mouture des expressions du fait que la dénomination de Tamezgha « Berbèrie » reste la meilleure et la plus juste, car, bien qu’il existe des berbères hors de ses limites, sa population est exclusivement Amazigh « berbère ».

Aujourd’hui on ignore généralement que Thifrikes u (1) Gafa « l’Afrique du nord » est peuplée d’amazighs «  Berbères » que l’on qualifie audacieusement avec toute honte bue d’Arabes sous prétexte de son islamisation. Quant aux habitants, ils se désignent du nom d’amazighs « qui veut dire Hommes libres » et s’applique aux tributs dès avant l’occupation Romaine.

Tamazgha, a connu, dès les temps paléolithiques, la vie sédentaire. Sans doute aussi le nomadisme  qui remonte au temps préhistorique, au II ième siècle de notre ère les amazighs se partageaient-ils
entre la vie agricole et la vie pastorale. La colonisation impériale créa à la fin du 1er siècle après
J.C la colonie de Sitifis « actuel Sétif en Algérie » qui devient deux siècles plus tard, le chef lieu de province de Maurétanie, à une époque où la paie Romaine la mettait à l’abri des périls. S’en est suivie par la suite la recomposition de l’actuelle Mauritanie en deux entités. L’une s’appelait la Mauritanie Caesearienne et avait comme capitale, l’ancienne capitale de Juba II Caesarea  « actuelle Cherchell en Algérie » et l’autre se dénommée Mauritanie Tingitane et avait comme capitale Tanger « Maroc »  

Histoire des Tributs :


Tamazgha n’a jamais connu de capitale permanente, définitive ou réalisé son unité autour d’une métropole. Son comportimentage géographique, la difficulté des communications, l’absence de vallée convergentes, l’exiguïté de sa superficie utile ont conditionné l’esprit d’hommes libres et de luttes séculaire entre nomades et sédentaires où aucune n’a triomphé.

C’est cette dualité qui explique apparemment qu’elle ait toujours eu des maîtres étrangers. Ce ne sont pas la ville ou le territoire qui constituent l’unité fondamentale, mais la tribu. Pourtant, ils savaient qu’ils formaient un même peuple puisqu’ils se donnaient un même nom. A deux reprises, les amazighs furent sur le point de réaliser, par leurs propres moyens  au IIième siècle avant J.C et au XIième siècle de notre ère, l’unité  n’Tifrikes u Gaffa « de l’Afrique du Nord ». La double  expérience fut brisée par la volonté impérialiste de Rome et par l’invasion des arabes « la horde des Bénis Hilal » 

Pourtant l’Amazigh « le Berbère » est loin d’être un type d’humaniste inférieur. Ile s’est même manifesté par des personnalités remarquables et d’une vivacité irréductible.

Sur l’Amazigh « le Berbère » a pesé une malédiction géographique et non une infériorité ethnique. Il possède un art, une littérature, une langue qui nous incite à penser que par son antériorité est une 
langue mère « l’authenticité des documents est vérifiée » confirmée par la présence simultanée de nombreux vocables de bases amazighs dans des langues aussi diverses que les langues Grecques (voir l’alphabet grecque actuelle où on remarque beaucoup d’emprunts amazighs), Sémitiques et Latines, un peuple conscient de son existence, un Etat organisé; tout cela ce sont des Luxes très coûteux que le pays n’a pu se les offrir, faute d’une armature financière qui est nécessaire  pour supporter un grand édifice social et politique. Il ne semble pas que depuis l’entrée de
Tamazgha dans l’histoire, c'est-à-dire en gros depuis la fin du second millénaire avant notre ère, que l’aspect géographique du pays se soit sensiblement modifié. Le climat non plus n’a pratiquement pas changé. 

Les temps préhistoriques, par contre, se sont déroulés dans une Tamazgha « Berbèrie » très différente de la notre. Les premiers hommes qui sont apparus en Afrique du nord « Thifriks u Gafa »- les plus anciens, du moins dont on ait jusqu’ici retrouvé la trace – ont vécu il y a peut être trois ou quatre cent mille ans. Bien modestes apparaissent les trente ou quarante siècle dont ce souvient tant bien que mal l’homme d’aujourd’hui par rapport au vertigineux passé des humanités successifs

Thifrikes u Gafa « Afrique du nord », depuis des millénaires, a toujours été la destination de multiples vagues migratoires. Le déversoir des populations lesquelles du fait de la situation géographique de cette région enclavée – bordée à l’ouest et au nord par la mer, et au sud par le grand désert de sable – ne pouvaient venir que de l’est ; soit par la route côtière qui longe le littoral de Thifrikes « Afrique » de méditerranéen orientale jusqu’à l’océan atlantique, soit par les multiples bretelles qui partent de la vallée du Nil vert le couchant.

Les premières vagues migratoires blanches sembleraient être des protos Amazighs « Berbères » parlant une langue chamitique. Les toponymes parlant ce radical amazigh ou possédant une appellation de consonance amazigh jalonnent la route qu’avaient empruntée ces groupes humains.   

Avant l’arrivée de cette vague migratoire, Thifrikes était habitée par d’autres lesquels, pour une grande partie, délaissent cette région lors de l’assèchement du Sahara qui devient un désert. Con
trairement à ceux qui attribue l’origine yéménite aux amazighs, ces derniers seraient originaires de l’Est. L’auteur Davezac donne pour aïeux  à ces  amazighs des Gétudes, des Mèdes, des Arméniens et des Perses. Par contre l’Auteur A. Garrignon souligne la parenté entre les amazighs et les Basques « les Eusques, tribu Ibérienne occupant d’abord tout l’isthme pyrénéen ». Des monuments anthropologiques prouvent encore de nos jours l’ancienne parenté entre les amazighs et les Eusques de notre époque, autrement dit les Basques d’aujourd’hui.

Une Histoire Légendaire « L’invasion Arabe »


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règne DIHIA

 L’islam et Tifrikes u Gafa « Afrique du Nord » sont si intimement superposés qu’on oublie facilement  au prix de quelles luttent l’Orient musulman parvins à recouvrir une partie de l’occident amazigh « les Iles Canaries et d’autres contrées africaines ne le sont pas jusqu’à nos jours ». Ce sont évidemment les conséquences visibles, énormes, de la conquête arabe et de la conversion de cette région qui nous frappent. La région a franchi la cloison qui sépare l’occident de l’orient. Ce saut dans l’inconnu, elle ne le fit pas de bon gré. On sait même que la résistance fut âpre, farouche et longue. Elle dura presque un siècle, comparée à un pareil saut dans l’inconnu, les révolutions de par le monde actuel apparaissent mesquines.

Face à la résistance farouche des amazighs « berbères », et aux échecs cuisants subit, le calife Omar s’opposa (IX° siècle) aux campagnes de Tamezgha « Afrique du Nord » pleine d’embûches et qu’il qualifie de pays perfide, qui égard et qui trompe. Mais à sa mort, son successeur autorisa les invasions qui se transformèrent en razzias « l’an 647 », sous le fallacieux motif de la conquête musulmane. Bien que reconvertis à cette nouvelle religion, les amazighs, de Tifrikes u Gafa « Afrique du Nord » ont conservé leur originalité qui aujourd’hui à tendance à s’essouffler, à cause des moyens machiavéliques utilisés, pour réussir un greffage qui n’a pu prendre hier avec la force des armes.

Aujourd’hui, on tronquant l’histoire, on nous parle d’ouverture musulmane« Foutouh Islamia » en Afrique du Nord, d’arabes chassés de Poitiers « France » par Charles Martel, de conquête
d’Espagne par les arabes, alors qu’en réalité il s’agit d’une invasion arabe sous la bannière de l’islam, d’amazighs islamisés, auxquels se sont joint quelques guerriers arabes, qui furent chassés de Poitiers « France » et d’amazighs accompagnés de quelques guerriers arabes qui ont, au VII° siècle, transmis le message de Dieu en Ibérie et ont construit l’Andalousie « Espagne »,
sous la conduite de Tarik Ibnou Ziad qui donna son nom au détroit qui porte aujourd’hui son nom « Détroit  de Gibraltar ». Après cette conquête, Moussa ben Noceir, ayant eu vent de la subtilisation supposée d’une épée  dorée du butin de guerre que Tarik Ibnou Ziad lui envoya, et pour marquer son mécontentement, dépêcha son fils de Damas pour gouverner en lieu et place du vainqueur. Mais les vraies raisons de cette gouvernance imposée et de la  contrainte de Tarik Ibnou Ziad à finir ses jours dans des conditions misérables sont à chercher ailleurs.

Deux siècles plus tard, c'est-à-dire en l’an 969, l’Egypte fut conquise par les amazighs sous le règne fatimide du calife Al Mo’izz li –DIN–Allah, qui y construit la ville de Fustat, l’actuelle capitale – le Caire – et fondé la grande mosquée d’El Azhar. Toujours dans le même cadre de la défense de la religion musulmane qu’ils ont adopté, les amazighs ont mené la bataille de Hattin, en 1187, aux coté de Salah Eddine El – Ayoubi, pour libérer Jérusalem  des barbares venus du nord.       

Sources d’informations : Ch. A. Julien, E F Gautier, Dr A. Bénatia

Repères 

  - L’étendue géographique de Tamazgha « Berbèrie » l’Afrique - le Nord et le
Sahel - , les Iles Canaries, le Siwah Egyptien

  - Langue: Tamazight «Berbère» qui s’écrit avec le Tifinagh «erroglifs» qui veut dire
notre trouvaille. Cette forme d’écriture datant de plus de 3.000 ans av J.C  influença  certains pays européens, notamment la Grèce où l’on remarque sur les banderoles qu’
ils arborent, lors des manifestations, certains erroglifs amazighs. Cependant, dans le cadre de son universalité, l’option de transcription en caractères latins (1) conjugués 
avec quelques variantes a été choisie pour Tamazight  par les spécialistes en linguiste  
depuis plus de 60 ans

- Population parlant Tamazight : Une douzaine de pays africains, de la méditerranée au Sud du Nil, de l’atlantique au voisinage du Nil et les Iles Canaries

                 - Amazigh : Berbère

                 - Tamazgha : Berbèrie

                 - Thifrikes : Afrique

                 - Thifrikes u (1) Gafa : Afrique du nord 

                 - U (1) : se lit ou en tamazight   

                                                                                          

  Madjid AIT MOHAMED               

                Car Latin + Variantes  Prononciations   (Algérie)

 B                                            v                  

C                                            ch.

D :                                          emphatique

Gw                                         vélaire

Kw                                         spirant                                      

T                                              spirant                         

                                          ou                                                  

                                           kh

K                                            occlusif

 3                                             lettre arabe     

Y                                            gamma 

 Z                                            emphatique                         

Un grand Roi Amazigh : MASSINISSA (3ième S.AV.JC )

Après des années de guerre, Carthage se trouvait en grand besoin de nouvelles ressources financières pour compenser la perte de la Sicile et de ses soldats , et pour se relever et recouvrer sa puissance

Amilcar Barca , le vainqueur des rebelles ,part conquérir le sud de la péninsule ibérique , il réussit à s’assurer le contrôle de la moitié de la péninsule ibérique et met la main sur les mines de métaux précieux lui fournissant les fonds nécessaires pour recruter des mercenaires espagnoles .

Au cours d’une des batailles contre les ibères , Amilcar est tué combat ;son gendre lui succède et fut assassiné ,et c’est le propre fils d’Amilcar – un jeun homme de 26 ans s’appelant Hannibal- qui devient alors chef de l’armée carthaginoise d’Espagne .

Hannibal mènera une longue guerre féroce contre les romains en Italie – avec l’aide des Gaulois, des Ibères , des Africains et des Numides – et réussit a balayer toute résistance sur son passage et a atteindre Rome et réprimer les troupes romaines qui se préparent a débarquer en Afrique . Après cette victoire , Hannibal se retire avec son armée a Capoue ,la cité la plus riche de l’Italie .

Cette situation a appris la paresse aux hommes d’Hannibal , ce qui a aidé les romains a reprendre Capoue et Syracuse ,mais ils n’arriveront pas a chasser Hannibal de l’Italie .

guerre s’éternise alors dans une situation d’attente ; chacun camp sur ses positions ,sans vainqueur ni vaincu .

Le temps joue pour les romains ,Hannibal se trouve en effet loin de ses bases et Rome , pour le couper de ses arrière , porte la guerre en Espagne où Scipion , un générale de vingt-quatre ans, prend la tête des armées romaines. Scipion envoie des ambassadeurs en Afrique du nord afin de nouer une alliance avec les rois numides.



* L’Afrique du nord est partagée –en dehors des possessions carthaginoises - entre les Maures et les Numides à l’ouest , à l’emplacement du Maroc actuel ; une fédération de tribus maures constitue le royaume de Mauritanie . Sur l’actuelle Algérie règne Syphax , le roi des Masaesyles . Reste un petit royaume ,,celui de Gaїa , roi des Massyles ,situé juste entre les terres de Syphax et les possessions de Carthage . Massyles et Masaesyles sont tous des Numides .


Syphax réserve le meilleur accueil aux envoyés de Scipion et exprime sa haine pour les carthaginois et qui date d’une guerre qui à opposé Carthage et les Masaesyles quelques années auparavant.

Syphax exige de rencontrer Scipion en personne, le général romain traverse la méditerranée et vient en Afrique pour sceller son alliance avec Syphax ; Mais ce dernier a le cœur trop ardent et enclin a la passion ; sa haine pour Carthage cède devant les yeux magnifiques de Sophonisbe ,la fille d ‘Hasdrubal, l’un des principaux dirigeants de Carthage . Le mariage fut une manœuvre des carthaginois qui veulent empêcher tout rapprochement avec les romains . Syphax , le roi des Masaesyles dépêche un messager à Scipion pour lui annoncer que l’alliance est rompue et lui exprimer qu’il combattra pour la terre sur laquelle il est né comme les Carthaginois et défendra la patrie de sa femme et de son beau-père Hasdrubal.

Il ne reste plus a Scipion qu’a tenter de nouer une alliance avec Gaïa l’autre roi Numide ;mais , à cette époque, Gaїa lui aussi est allié des Carthaginois, et ses intrépides cavaliers combattent aussi bien en Italie qu’en Espagne.

Scipion envoie alors des navires romains le long des côtes africaines pour y capturer des personnes susceptibles de fournir des renseignements sur les troupes carthaginoises ;ils ramènent des prisonniers que Scipion fait torturer , il apprend ainsi que le propre fils de Gaïa , Massinissa, se prépare à rejoindre les carthaginois en Espagne à la tête d’un renfort de cinq mille cavaliers numides . Ce jeune prince de vingt-cinq ans , aux dires des prisonniers , est un jeune homme d’une force physique et d’une vaillance étonnantes ,et d’une intelligence exceptionnelle .

Au cours de la guerre en Espagne, les soldats romains capturent un grand nombre de mercenaires carthaginois.

Parmi les prisonniers se trouve un bel adolescent qui se prétend de sang royal, le neveu de Gaïa, venu clandestinement combattre avec son oncle Massinissa malgré son interdiction.

Scipion reçois le prisonnier onéreux ,qui a montré avec courage qu’il n’a pas peur de tomber entre les mains des romains , et a fait un long dialogue avec lui et finira par lui offrir un anneau d’or , une tunique brodée , des armes et un cheval tout harnaché que Rome réserve habituellement à ses amis et en plus une escorte de cavaliers qui l’accompagneront là où il désire . En ce temps, Massinissa se déplaça de guerre en guerre, de victoire en victoire contre les romains en Espagne et en Italie, et rencontra – à la faveur d’un de ces raids- Scipion qui lui proposa de combattre aux côtés des romains lorsque celui-ci débarquera en Afrique. Les historiens grecs ou romains n’ont pas donné la raison de ce total revirement, mais il est probable que Massinissa craint alors que les Masaesyles et les carthaginois ne se réconcilient au dépend du petit royaume Massyle . La suite des événements confirmera d’ailleurs la justesse de cette analyse .

A la mort de Gaïa , tous les éléments sont réunis pour qu’éclatent des rivalités de succession , surtout entre Massinissa et sont petit cousin protégé par Mazaetullus ; celui-ci profite du fait que Massinissa combat loin de sa terre natale pour violer la règle et faire couronner roi son protégé . Bien sûr, c’est lui qui gouverne au nom du roi enfant. Dès qu’il apprend la nouvelle , Massinissa rentre de l’Espagne .Il débarqueen Mauritanie ( Maroc + Mauritanie actuels ) où le souverain lui prête une escorte de quatre-mille cavaliers , avec les vieux soldats de son père prêts à mourir pour lui , il réussit à vaincre Mazaetullus qui se réfugia chez Syphax .

Massinissa propose son pardon à Mazaetullus qui revient au palais royal avec son jeune cousin pour reprendre son rang de prince héritier. Syphax n’a pas l’intention davantage des affaires du royaume des Massyles , pour lui peu importe qu’il soit gouverné par Massinissa ou Mazaetullus .Mais les carthaginois , eux s’inquiètent , ils connaissent bien Massinissa , ils ont eu le temps de l’observer en Espagne



° …il ne faut pas l’imaginer vivant sous la tente et menant paître ses troupeaux . Massinissa parle la langue punique aussi bien que sa langue maternelle ; Tamazight . Probablement sais-t-il aussi le latin et peu être bien le grec .

Il a trop de talents , dit Hasdrubal à son gendre Syphax . Trop de courage et d’intelligence .Il n’est pas l’homme à rester tranquille . Sa récente victoire ne peut que l’enhardir .S’il lui venait à l’idée d’agrandir son royaume , c’est à toi qu’il s’attaquerai en premier ,c’est encore un feu qui couve sous la braise , si nous ne l’étouffant pas maintenant , toute l’Afrique sera bientôt la proie d’un énorme incendie que nous serons impuissants à éteindre .


Les carthaginois parlent tant et si bien que le roi Syphax lève des troupes et marche sur le royaume des Massyles avec une armée considérable . Dès la première bataille , Massinissa est vaincu , il réussit à s’échapper avec une troupe de fidèles emportant quelques tentes et des troupeaux . Les fugitifs gagnent la montagne et Massinissa reprend la tactique qu’il a si bien mis en œuvre contre les romains en Espagne , lançant des raids sur le territoire ennemi .

A un détail prés : l’ennemi s’appelle désormais Carthage . Les hommes de Massinissa agissent avec audace et insolence . Les carthaginois veulent, disent-ils , Massinissa mort ou vif , et c’est Bucar , un général carthaginois qui s’est présenté pour gagner la récompense .Il se met en campagne et réussit à surprendre la troupe de Massinissa , le dernier préfère s’enfuire puisque la lutte est à nouveau inégale . Mais Bucar , se lançant à sa poursuite , finit par bloquer les fuyards . Les restants des cavaliers de Massinissa s’enfuient à travers des sentiers connus d’eux seuls . Les Massyles se sont rassemblés autour de leur roi pour le protéger et ils se font tailler sur place pour lui permettre de s’échapper .

Blessé , Massinissa n’a plus pour le défendre que quatre numides .

Derrière lui , galopent tous les cavaliers de Bucar ; c’est normal , puisque c’est un roi que les carthaginois ne dormiront plus tranquilles tant qu’il sera vivant .

Tout à coup , les fuyards s’arrêtent devant une rivière en crue au courant très violent .Bucar triomphe certain cette fois de capturer Massinissa .

Mais ce dernier préfère se jeter avec ses cavaliers dans les flots que de tomber sous les tortures des carthaginois . Les malheureux cavaliers sont emportés par le courant et Bucar envoya quelques soldats explorer la berge et ils ramènent le cadavre d’un cavalier noyé , que la rivière a jeté en contrebas .Bucar s’est précipité pour rentrer à Carthage porter la bonne nouvelle de la mort de Massinissa et toucher la récompense .

Chez les Massyles , on a abandonné l’espoir de chasser du royaume les armées de Syphax , puisque Massinissa est mort , pourtant le héros ne meurt pas , les trois bêtes et leurs cavaliers ont réussi à reprendre pied sur l’autre rive , ils se cachent dans les buissons attendant la nuit pour chercher refuge dans la montagne .Caché au fond de la grotte, le roi soigna ses blessures avec des herbes et réussit à reprendre ses forces pour retourner enfin à son royaume.

Avec une folle audace , sans prendre la moindre précaution, il parcourt la compagne proclamant qu’il vient reconquérir son royaume. La joie et l’enthousiasme déferlent sur les Massyles .

En quelques jours , venant des régions les plus éloignées du pays , six mille fantassins et quatre mille cavaliers se joignent à Massinissa .

Les soldats de Syphax , effrayés devant ce déploiement inattendu de forces , quittent le pays en évitant l’affrontement .Ainsi , sans même décocher un seul javelot , Massinissa reprend possession de son royaume .

Massinissa, afin d’empêcher que Syphax ne revienne avec des troupes plus nombreuses, il établit son campement sur une chaîne de montagnes qui domine Cirta – Constantine en Algérie la capitale du royaume des Masaesyles, où il s’en va porter la guerre et la désolation.

Scipion rentre en Italie et prend la tête des armées romaines . Il décide d’étendre le conflit à la terre africaine afin d’obliger le général carthaginois à quitter la péninsule pour aller au secours de sa patrie .

Massinissa vient à la rencontre de Scipion à la tête de deux mille cavaliers numides qui l’ont rejoint dans son exile . Sans tarder , et pour empêcher les troupes de Syphax de secourir les carthaginois , Massinissa porte la guerre en Numidie .Il retourne d’abord dans son royaume où ses sujets lui sont restés fidèles . Grâce à l’appui des soldats romains , les troupes de Syphax qui occupent le pays sont vaincus et doivent se replier sur leur territoire .

La guerre est déclenchée entre les armées de Massinissa et celles de Syphax qui , malgré les encouragements qu’il a présenté à ses hommes , il est finalement tombé sous la pluie des javelots et fut entouré par les cavaliers Massyles qui laissent à Massinissa le privilège et la joie de sa capture .

Massinissa se dirige vers Cirta , la capitale , où les nobles Masaesyles s’apprêtent à défendre chèrement la ville . Mais lorsqu’ils voient leur roi enchaîné et traîné derrière le cheval de Massinissa , ils se rendent immédiatement et ouvrent les portes au vainqueur .

Dans le palais du roi vaincu , attend Sophonisbe (la jeune reine) qui se jette aux pieds de Massinissa le suppliant et lui demandant pitié .

Massinissa qui doit partager avec ses alliés romains le butin et les prisonniers préfère garder pour lui la jeune reine . Le roi numide célèbre et consomme alors ses noces avec sa propre épouse (Sophonisbe) , alors que Syphax n’est à présent rien d’autre qu’un vieil homme humilié , il a perdu son honneur , sa liberté et son royaume .

Scipion et les sénateurs ont organisé une fête pour féliciter Massinissa de ses triomphes en tant que roi du plus vaste royaume d’Afrique et à l’échelle de l’univers. Les prisonniers numides sont rendus à Massinissa selon ses vœux à l’exception de Syphax qui restera captif en Italie jusqu'à la fin de ses jours.

Massinissa rentre en Numidie pour s’occuper des affaires de son royaume et peu après , les romains et les carthaginois s’apprêtent pour une guerre entre eux . Scipion envoie message après message à Massinissa pour l’avertir de cette guerre , mais sans réponse .

La guerre attendue est déclenchée ; les deux armées , romaine et carthaginoise , sont maintenant face à face prêtes à s’affronter . Mais pendant trois jours , elles campent chacune sur ses positions comme si Hannibal aussi bien que Scipion attendaient tous deux le renfort des numides ; et lorsque surgit Massinissa à la tête de dix mille fantassins et cavaliers , l’incertitude dure jusqu'à la dernière minute .A quelle armée le jeune roi va-t-il unir ses forces ? Finalement , Massinissa – le diplomate – dirige ses hommes vers le campement romain .

La grande bataille de Zama se déroule le lendemain et la victoire revient à Massinissa et ses alliés .

Le roi amazigh à donc rendu aux romains le bien qu’ils lui ont présenté en l’aidant à vaincre Syphax et unifier son royaume . Le jeune roi a montré sa sagesse et sa diplomatie en cette guerre , il a préféré être aux côtés des romains pour vaincre ses voisins carthaginois , car ces derniers sont sur une terre amazigh qu’il doit récupérer aujourd’hui ou demain , les romains eux sont loin et n’arriveront sûrement pas à le menacer après qu’il aura agrandi son royaume .

A trente-sept ans , Massinissa devient un des plus puissants souverains du monde , et grâce à lui la Numidie entre glorieusement dans l’histoire universelle . Pendant les soixante ans que dur son règne , il travail à faire des deux royaumes numides réunis un véritable Etat qui pourra lui survivre . il encourage l’agriculture en poussant ses hommes à travailler la terre afin de pouvoir lever des impôts.

Certes , avant lui , la Numidie était déjà un pays agricole prospère , mais Massinissa augmente encore la surface des terres cultivées , des champs de blé et d’orge , mais aussi de grands vergers de figuiers et d’oliviers . Lui même donne l’exemple en créant un domaine royal important .

A sa mort , il lèguera à chacun de ses dix fils encore vivants une propriété de huit-cent cinquante hectares , avec tout le matériel nécessaire à l’exploitation .

Lorsque Rome a besoin de blé pour nourrir son armée , c’est en Numidie qu’elle l’achète , ainsi que les éléphants pour la guerre , les lions et les panthères pour les jeux du cirque dont le peuple raffole . En même temps , les villes numides s’agrandissent et s’ornent de monuments .

Massinissa possède maintenant une flotte et fait battre monnaie de bronze à son effigie .

Il vit à Cirta la capitale de son vaste royaume .Mais la douceur de vivre dans son palais somptueux , le lux de sa cour , la vaisselle d’argent , les danseuses et musiciens grecs qui égaient les soirées , les petits enfants qui escaladent ses genoux pour lui tirer la barbe n’ont pas amolli le roi ; Même en prenant de l’âge , il n’a rien perdu de sa bravoure , ni de sa force . Il reste toujours un guerrier capable de tenir en selle vingt-quatre heures d’affilée .

Passé les quatre-vingts ans , Massinissa prend encore la tête de ses troupes pour les conduire au combat . Depuis que Carthage n’a plus d’armée , il en a profité pour lui prendre une partie de ses terres et de ses cités les plus riches , soixante-dix villes et châteaux de la Tripolitaine , presque la moitié des possessions de Carthage qui , désormais , paient tribut au roi numide .

Après cet envahissement , les carthaginois n’ont d’autre ressource que de se plaindre à Rome pour qu’elle arbitre entre les deux parties . Massinissa envoi son fils Gulussa pour le représenter et défendre les intérêts des numides .

Le dernier invoque et rappel la première arrivée des carthaginois (histoire de la princesse Elissa ) sur les terres amazighs il y a longtemps et ajoute qu’ils sont donc étrangers et la terre ne leur appartient pas .

Les carthaginois ont fortement protesté contre cette affirmation et ont essayé de prouver qu’ils sont maintenant citoyens africains comme tous les autres .

Le jugement dur longtemps et les romains n’ont pas trouvé intérêt à donner raison à aucun des deux parties . Massinissa , lui , à en effet l’intention d’occuper toutes les terres qui dépendent encore de Carthage . A presque quatre-vingt-dix ans , il part en campagne et met le siège devant Oroscopa , l’une des cités les plus riche qui paient toujours tribut à Carthage .

Cinquante années exactement se sont écoulées depuis la signature de la paix avec Rome et cette convention s’est donc achevée .

Carthage, qui a scrupuleusement respecté toutes les clauses, profite de ça pour reconstituer son armée , pour se défendre contre Massinissa puisque Rome ne veut pas l’aider .

A Rome , les romains ne cessent de répéter que Carthage doit être détruite . Massinissa a compris que cela vient du fait qu’ils ont l’intention d’occuper Carthage avant lui et donc couper l’herbe sous ses pieds , il refuse donc de leur envoyer du renfort quand ils ont décidé de combattre Carthage une nouvelle fois en – 149 ( menés par Scipion Emilien , le fils de Scipion l’africain ) .

Mais le vieux roi des numides arrive au terme de sa vie, et la mort qu’il sent proche lui fait craindre pour l’unité de son royaume ; parce que ses fils sont nombreux , il redoute une guerre de succession .

Il fait appeler Scipion Emilien , car en souvenir de l’amitié qui l’a uni a son grand-père, il veut lui confier l’exécution de ses dernières volontés .Scipion Emilien arrive trop tard à Cirta , le roi vient de mourir et ne verra jamais la chute de Carthage.


D’après : Marie-France BRISELANCE "Histoire de l’Afrique".

Editions : "Jeune Afrique livres"Tome 1

Résumé et revu par Samir N'ayt ouiazan .

Quelques éléments d’Amazighité et d’Islam


Je voudrais exprimer dans le présent papier une certaine réalité se rapportant à l’Islam qui soit qu’une grande partie d’Amazighes est aujourd’hui attachée à l’Islam dans ces différentes facettes. Mais comment l’Islam lui-même fut né dans le pays des arabes dont on doit bien comprendre comment fut-elle la prédisposition arabe, notamment sur le plan socio-historique afin d’arriver par ailleurs à mieux saisir l’évolution de l’existence religieuse à l’échelle nord-africaine et ce, durant les 14 siècles écoulés. Et nous ne pouvons pas comprendre la portée islamique sans porter l’attention sur sa genèse, sa très rapide onde de propagation et sa toute première marche évolutionnaire au Proche-Orient.

Le triomphe de l’Islam en Tamazgha et le ferme attachement d’une grande partie des Amazighes à cette religion est à relier au fait que, pour ces Amazighes, l’Islam tel qu’il fut propagé et véhiculé par les missionnaires pacifiques, embrassa tout un esprit nord-africain conclusif des sédimentations antéislamiques de valeurs humaines actualisées islamiquement dans l’unicité de Dieu. Quelle place l’Islam occupera-t-il dans les sociétés amazighes ? La réponse à une telle question se fondera sur la conception de la nature du phénomène islamique qu’actuellement tant d’Amazighes en font une dissension au détriment de l’Amazighité. L’Islam dans son évolution sera-t-il orienté vers un concept fondamental selon lequel toute confusion Islam/Arabe ne serait qu’exclue ? La question mérite d’être scrutée.
En grosso modo, juste avant l’avènement de l’islam en Afrique du nord, une grande partie des Amazighes était animiste, d’autres de confession judaïque et le reste de confession chrétienne. Les faits historiques les plus objectifs montrent que l’islamisation des Amazighes est le fruit de l’action d’un nombre de missionnaires d’un courant de l’islam dit ibadisme [1]. Ce sont des missionnaires pacifiques qui portent le nom de « porteurs de science ». Pourquoi ces premiers missionnaires pacifiques arrivés en Afrique du nord étaient appréciés et appuyés premièrement par la tribu amazighe Ihwaren [2] (Huwwara) ? Parce qu’ils étaient de bonnes paroles, de vraie simplicité et ce, sans parler de leur méthode d’argumentation et de leur grande pauvreté. Déjà leur infime nombre ne leur permettait de se risquer sur la Terre des Amazighes en déclenchant une offensive contre ses derniers. Socialement parlant, le caractère pacifique des premiers missionnaires ibadites occidentaux (ou d’Afrique du Nord) est dû à leur origine. Ce sont des hommes appartenant à un milieu socioculturel sis au Nord de l’Arabie où des pratiques de gestion démocratique étaient ancrées dans leur société. A chaque fois, lorsqu’un homme y arriva du Moyen-Orient, il le faisait pour échapper aux massacres des siens et pour tirer plein profit de la tolérance et de l’humanisme des Amazighes. Tel est par exemple le cas d’Idris 1er, petit fils d’Ali et de Fatima fille du Prophète. Idris 1er, ennemi juré des Abbassides, fut accueilli par une tribu amazighe.    
Le pacifisme et le simple esprit nourri d’un humanisme hautement apprécié par les Imazighen subsiste encore aujourd’hui sur la Terre amazighe. Le Amazighes Ibadites, dit-on rescapés par miracle, se trouvent à nos jours à Nfusa et à Zuwara (en Libye), au Mzab (en Algérie) et, encore, à Djerba (en Tunisie). Des pratiques hostiles au luxe et aux comportements ostentatoires subsistent à nos jours dans ces contrées nord-africaines. Le culte pur, la sincérité humanitaire, le comportement social exemplaire se sont des valeurs qui continuent de déterminer tant d’Amazighes.
En parlant des arabes chez qui fut descendu l’Islam, un double fait est sensé retenir l’attention :
  1. Un colossal antagonisme et une grande rivalité s’étaient installés entre les Arabes du Sud et ceux du Nord qui étaient en contacts avec d’autres peuples non arabes.
  2. Le soutien de l’école Ibadite kharidjite était porté par des partisans qui relèvent des tribus du Nord de l’Arabie. On sait très bien que parmi les kharidjites, il y avait tant de branches, de tendances et de divergences.  Je tiens à préciser que le qualificatif « kharidjites » signifie ceux parmi les Musulmans qui sont sortis du clan d’Ali et non pas, comme le croient certains, de l’Islam. Cet Islam, en ce qu’il a d’égalité et de démocratie, portait en lui depuis son début les germes du Kharidjisme. Mais il n’était facile d’appliquer ces principes universels et de justice humanitaire dans la société Koraïchite héritée du paganisme, de l’oligarchie antéislamique dont la hiérarchie obéissait au modèle tribal où le chef est d’essence semi-divine. C’est le prolongement de cette essence même qui, dans son principe, a tant galvaudé l’Islam universel. Une petite parenthèse. Si les kharidjites ne furent pas du côté du nouveau calife Ali, comment peut-on qualifier les partisans de Muâawiya avec Aicha épouse du prophète et marâtre de Fatima qui, en donnant naissance au rite malékite, étaient les ennemis les plus irréductibles d’Ali époux de Fatima?
Cette situation prédominante en Arabie correspondait à deux différentes conceptions de la communauté musulmane et du chef que doit avoir. Schématiquement, les tribus arabes du Sud étaient enracinées dans une ancienne culture qui fut portée à idéaliser leurs chefs au point de les considérer d’essence quasi-divine, tandis que les tribus du Nord étaient très influencées par le modèle préhistorique qui prédominait dans le Nord de l’Arabie, selon lequel la communauté s’organise sur une base démocratique. Et c’était cette prédisposition de démocratie qui avait facilité chez les Ibadites à s’ouvrir sur la communauté allogène qui était amazighe en offrant à tout les musulmans les mêmes chances d’égalité au rôle de gouverneur ou de chef. Et à l’égard de ce qui se passait en Orient, les Amazighe ont bénéfiquement tiré profit de l’Islam perçu comme moyen salvateur de pacification, pour atténuer l’effet dévastateur des guerres intestines que se livraient tant de tribus nord-africaines. Si les Amazighes s’étaient convertis à l’Islam, c’est parce qu’ils le trouvèrent en lui une certaine conformité à leurs idéaux de liberté et d’égalité dans sa forme ibadite, ce qui ne les empêchait pas à entrer en révolte contre les pouvoirs proche-orientaux. Si les Amazighes musulmans existent jusqu’à nos jours, c’est entre autres grâce à leur capacité d’amazighiser l’Islam en Afrique du Nord sans que l’Islam arabe n’arrive à les arabiser. Durant des siècles, la vocation universaliste de l’Islam s’était appuyée principalement sur Tamazight. L’appel pour l’accomplissement de la prière se faisant dans la langue des Amazighes. Excepté les versets coraniques, la prière elle-aussi se faisant en Tamazight. A titre d’exemple, le chef Yusef Uw Tacfin (Youssouf Ibnou Tachfine) d’une grande piété, ne parlait que Tamazight. Son ignorance de l’Arabe était flagrante. A cette époque, l’Islam avait déjà plus de 3 siècles d’existence en Afrique du Nord, tandis que le rite malékite introduit par Darras Ibn Smail Al Fassi n’était naissant que vers 959. Et bien plus tard et selon les témoignages des vieillards du Moyen Atlas ayant grandi vers la fin du 19ème siècle, Hassan 1er (dit Moulay Hassan) qui, même en se croyant arabe, est amazighe, s’adressait bien aux Amazighes marocains en Tamazight.
Comme ils existent encore en Amazighie des traditions très anciennes remontant au paganisme, au judaïsme et au christianisme auxquelles l’on tâche à donner un cachet islamique, beaucoup de nos concitoyens ne savent pas quelque chose sur les rites ibadites et chiite ayant précédés le rite malékite qui domine à présent en force sur ces contrées nord africaines. L’Historien GAID Mouloud écrit dans son ouvrage intitulé LES BERBERES DANS L’HISTOIRE : « Quelle que soit son option, le berber garde sa véritable personnalité en dépit du mode de vie qu’il affiche, des croyances qu’il pratique, de la civilisation qu’il adopte et assimile. Ce qui fit dire à Salluste : « Le Berber assimile toutes les civilisations mais n’est assimilé par aucune » ». Mais il s’avère qu’une des causes ayant divisé les Amazighes et ce, depuis notamment la période romaine à nos jours, c’est leur division en plusieurs tendances cultuelles en reléguant à un second plan leur existence aux divers plans géostratégiques et ce, en tant que nation (amazighe) partageant la même langue (Tamazight), le même espace (Tamazgha)… et la même histoire (Amezruy). C’est cette grande malédiction de désunion qui, en s’éloignant de la base anthropologique (langue, histoire, culture coutumes, croyances…), continue  de tomber de plein fouet sur les Amazighes. En admettant que les mêmes causes engendrent les mêmes conséquences, les Amazighes sont appelés à ne pas trop se focaliser sur ce qui les divise en faisant des questions idéologiques le grand dénominateur de dislocation et ce, au détriment de leur Amazighité, car les questions idéologiques demeureront toujours une liberté humaine et le vécu de l’humanité tout entière. Arrivera-t-il le moment historique où les Amazighes arrêteront d’endurer ces mille sortes d'injustices ? Les données ont démontré par le passé que l’ascendance amazighe était en mesure d’être aux rendez-vous auxquels l’histoire aussi bien que la préhistoire les ont convoqués : depuis le développement de la civilisation Ibéro-maurusienne et le grand cheminement proto-amazighe en passant par leur civilisation, leurs royaumes, leurs empires…, voilà l’Islam venu pour marquer une étape cruciale dans cette existence amazighe. Mais il est aussi important de rappeler que tant d’historiens exagèrent trop en voyant des Arabes là où il n’y avait que des musulmans de différentes langues et différents peuples tels que des Turcs, des Amazighes, des Kurdes… il est largement démontré que l’Islam doit son expansion, son renom, sa puissance et, aussi, son universalisme aux peuples non arabes qu’il compte. N’oublions pas que pendant des siècles et à ce jour encore, les Perses, les Amazighes… et les Turcs restent les promoteurs de l’Islam. Même les règles de la langue arabe ont attendu un Amazighe pour qu’elles soient établies et définies de manière méthodiques très précises. Il s’agit du grammairien Ag Adjrrum Asenhadji (Ibn Adjrroum Al Sanhadji) mort en 1329. Son seul ouvrage intitulé « Court Précis de Grammaire Arabe » a été traduit en Latin et en plusieurs langues occidentales. C’est de son nom que l’on utilise à présent en Tamazight le substantif « tajerrumt » qui donne le sens de « grammaire ». Par ailleurs, la culture que l’on peut appeler musulmane peut aligner par centaines les noms amazighes ayant apporté leurs pierres angulaires et contribué hautement à en assurer la genèse des traditionalistes, des poètes, des grammairiens, des lexicographes, des théologiens, des historiens, des géographes...
Pour évoquer la question relative à l’Islam, il y a lieu de signaler ici que la culture officielle maghrébine, forte de l'adhésion de la majorité au rite malékite, passe constamment sous silence l'épisode ibadite de son histoire et voue à l'oubli le courant de pensée qui en est né et qui s'est développé en toute indépendance des pouvoirs arabes. Et même des érudits amazighes de confession musulmane tels que Tibghurin, Al-Warağlani, Yahia Mammar, al-Janâwi, Atfiash, Al-Tâmimi… sont totalement et purement ignorés par les lettrés sunnites les mieux avertis. Comme par ailleurs que tous les rites de l’Islam sont antérieurs au sunnisme qui n’est lui aussi qu’une autre tendance rituelle en opposition aux autres rites.
Au plan historique, les éléments fondamentaux ayant favorisé l’adhésion des amazighs à l’ibadisme sont :
  1. L’Ibadisme renferme l’esprit égalitaire. Cet esprit a toujours animé les amazighes.
  2. La lassitude des autochtones amazighes, suite aux attaques militaires opérées  notamment par le conquérant Okba et ses lieutenants.
  3. La tyrannie des gouvernants arabes qui traitaient les Amazighes avec une flagrante injustice et des humiliations. Ainsi les Amazighes avaient vite trouvé en Ibadisme un moyen de libération de ce joug entretenu par le pouvoir arabo-central.
L’école ibadite est depuis sa fondation contestatrice de la tendance arabiste selon laquelle le pouvoir doit être détenu par un homme de souche arabe, voire koraïchite. Donc des deux grands courants dissidents à savoir l’Ibadisme et le Chiisme (ce mot provient du verbe chayaâa signifiant suivre, soutenir, accompagner et, ici, partisan d’Ali), c’est l’Ibadisme qui est à l’origine de l’islamisation des Amazighes. Les vraies bases de l’islamisation des tribus amazighes étaient l’œuvre de prédicateurs ibadites. Les Amazighes ibadites avaient formé la grande communauté islamique en Afrique du nord et sur une bonne partie de l’Afrique subsaharienne qui dépendait de l’Afrique du Nord, notamment sur le plan commercial. D’ailleurs, l’ibadisme rappelle dans l’histoire de l’islamisation de l’Afrique du nord le donatisme amazighe à l’époque chrétienne et ce, entant que mouvement autonomiste de résistance à l’église romaine. Mais cette résistance s’était vite, comme cela va se passer avec le courant ibadite, révélée une action concertée de résistance populaire à l’autorité de l’empire romain et à l’église catholique qui était alliée au pouvoir. Quant aux partisans de Mouaouïa, ils seront qualifiés de Sunnites et les fidèles d’Ali de Chiites. C’est ce qui, schématiquement, s’est passé dans le Pays de Tamazgha.
Des siècles après l’implantation de l’Islam à tendance Ibadite sur le sol de Tamazgha, L’écrasante  majorité des Nord-africains abandonna la secte ibadite pour rejoindre la secte sunnite arrivée de l’Orient arabe et fondée par les adeptes de Mouaouïa selon lequel le candidat au pouvoir doit obligatoirement être koraïchite. C’était selon cette mode de l’époque que les Amazighes rivalisaient pour montrer leur appartenance à l’arbre prophétique en particulier et koraïchite en général, cela dans l’objectif de parvenir au rang social habilitant à participer et à prendre le pouvoir avec ceux qui le possèdent. Ce phénomène-là poussait l’individu et/ou la famille à créer une rupture avec sa tribu amazighe en premier lieu, ensuite l’abandon de Tamazight au profit de l’apprentissage de l’Arabe, puis l’intégration dans un environnement spatial et culturel éloigné de son milieu originel amazighe. Cela afin de produire virtuellement une généalogie et, à partir de laquelle, d’annoncer une ascendance arabe, donc aspirer à une position socio-politique suprême. Pourtant, et de toute ma vie, je n’ai jamais rencontré un amazighe arabisant qui prétend être un descendant d’Abi Lahab [3]. Outre l’arrivée de tribus hilaliennes, ce phénomène de reniement de son origine amazighe fût des plus ravageurs et un des plus puissants facteurs de l’adoption de l’Arabe. Ce n’est qu’avec l’apparition de sentiments amazighes rationnels au début du siècle passé que Tamazgha a connu la naissance d’un mouvement de pensée contre lequel les Arabo-islamo-baathistes ont avec zèle manifesté une opposition sans merci. C’est dans ce droit chemin que continuent à nos jours les pouvoirs politiques de Tamazgha de prendre une attitude d’interdiction, de non reconnaissance, voire de violence. De toute leur histoire, les Amazighes ressentent qu’il y a une grande volonté politico-hégémonique d’une ségrégation enroulée dans les arcanes idéologiques qui, en n’étant pas la leur, les pousse mal grès bon gré à adopter la langue arabe, cette fille illégitime qui n’est employée par aucun Nord-africain. Ceux qui n’emploient pas un des topolectes amazighes, ont pour langue maternelle l’Amazigho-arabe Nord-africain.       
Si le sunnisme n’était pas parvenu en Afrique du Nord, on aurait pu se trouver de nos jours dans une configuration socio-linguistique typiquement amazighe. Une argumentation peut-être donnée ici. On ne trouve pas de nos jours en Afrique du Nord une seule communauté arabophone de confession ibadite ; toutes celles qui persistent encore ont pour langue maternelle une des variantes amazighes. Donc, on ne trouve en Afrique du Nord aucune société ibadite non amazighe. D’ailleurs, tant d’Amazighes ibadites de Djerba tendent au jour d’aujourd’hui à abandonner leur Amazighité en faveur de l’Arabité et ce, à chaque fois qu’ils renoncent à leur rite Ibadite, au profit du Sunnisme. L’histoire nous renseigne que ce phénomène était déjà vécu par le passé, puisque des contrées comme par exemple celle du Nord-Ouest algérien furent devenues arabophones en abandonnant le rite Ibadite. Il m’a paru utile d’attirer l’attention sur ces faits historiques pour lesquels les lecteurs disposent de peu ou d’aucune source documentaire.
Il ne faut pas se leurrer. Les Arabes n’ont jamais eu une bonne organisation militaire, sociale ou politique, ni même pas avoir renforcé l’éthique islamique et ce, à l’appui du sociologue Ibn Khaldun qui écrivait vers 1.375 : « Voyez tous les pays que les arabes ont conquis depuis des siècles les plus reculés : la civilisation en a disparu, ainsi que la population ; le sol même parait avoir changé de nature. A présent, les monde dit arabe est quasiment ruiné, et le grand mensonge que l’histoire n’a jamais connu « le Maghreb arabe » souffre encore des dévastations massives par les Arabes ». Un ancien adage qui est véhiculé jusqu’aujourd’hui dit : « Les Arabes se sont entendus de ne jamais s’entendre ». Comment se fait-il que ces Arabes puissent organiser les autres peuples sans qu’ils puissent s’organiser eux-mêmes ? Comme quoi c’était une contrainte, on ose aussi inventer le mythe de missionnaires arrivés propager l’Islam que les Amazighes n’avaient qu’un seul et unique choix, c’est celui d’accepter !
Les Arabisants, en confondant islam et arabe, ne savent briller qu’en récupérant même des morts. C’est un leurre de penser que tous les écrivains amazighes qui écrivaient en arabe (pour le simple fait que l’Amazighe ne fut pas écrit) sont des arabes. Actuellement, des historiens arabes et des systèmes arabistes revendiquent Ibn Khaldoun, comme un penseur et  philosophe arabe, tout simplement car il écrivait en langue arabe. Les Français par exemple ont-ils la raison de considérer Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Jean et Taos Amrouche… comme d’origine française, et Rachid Raja comme d’origine espagnols… parce qu’ils écrivaient en langues française, espagnole ou autre ? Les Amazighes ont tant donné à autrui, mais en contrepartie qu’est-ce qu’ils ont reçus de cet autrui ??
Selon les préceptes de l’Islam, tout musulman est responsable devant Dieu de ses actes et comportements ainsi que de la manière dont il gère ce qui lui fut remis en dépôt. Le Coran et offre des orientations qui présentent les champs possibles de l'action humaine et précisent un certain nombre de limites pourtant très claires, entre autres le respect des autres humains, dans la reconnaissance de leur diversité et en préservant l'harmonie entre eux, loin de tout contexte d'assimilation, de provocation et d'agression. Il est souvent vrai que la science sans religion est boiteuse, et la religion sans science est aveugle. La différence linguistique des peuples, les spécificités de cultures, le particularisme des coutumes a été décidé et voulu par Dieu. La spiritualité islamique engage l'homme à vivre dans l'harmonie en tenant en compte tous les éléments de son humanité. Les fondements même de l’Islam, autour de la référence à l'Unicité de Dieu, donnent la priorité absolue au sens de la vie et à la finalité des actions humaines. Le djihâd intrinsèque d'un musulman est nécessaire pour se maîtriser, apprendre à vivre avec autrui et préserver l'harmonie de la planète dans toute ses richesses. On ne peut pas être fier de Tamazight en tant que civilisation et culture, du moment que l’on omet que derrière chaque civilisation il y a une langue. Ce qui, pour agir et réagir légitimement, est évident, c'est que les Amazighes (toutes régions confondues) conscients de leur existence aux divers plans, ne doivent en aucun cas compter sur une mentalité obéissant au schéma nord africain = arabe ou arabe > nord africain. Il serait logique de taire ses ressentiments contraires à sa langue que d'hypothéquer tout un peuple. Et nier le droit de cette langue maternelle d'être promue est particulièrement une condamnation de nos aïeux qui s'étaient battus et qui avaient durant des siècles pratiqué leur religion musulmane en langue amazighe.
Dieu dit dans le Saint Coran : « Et parmi ses signes : la création des cieux et de la terre et la variété de vos idiomes et de vos couleurs. Il y a en cela des preuves pour les savants. », Sourate 30, Les Romains. Il y a lieu ici de faire remarquer que c'est par la Volonté de Dieu que des milliers de langues sont parlées sur Terre. Et si Dieu le Tout Puissant a, dans le Saint Coran, comparé la création des cieux et de la terre avec la variété des idiomes de l'humanité, c'est que ces langues que Dieu a créées restent un fait grandiose et une sagesse divine confirmée. Il y a en cela des preuves pour les savants, alors qu'être savant ayant une profonde idée du savoir, ce n'est pas donné à tout le monde. On fait remarquer que dans l'univers observable, les spécialistes retiennent un chiffre comme 80 milliards de galaxies. Une galaxie typique contient 400 milliards d'étoiles dont la plus proche de nous est le soleil. Tout cet univers comparé aux langues de l’humanité ne peut passer inaperçu.
Au lieu de concilier la foi religieuse et les possibilités de la rationalité et de la science, au lieu de contribuer généreusement à la prospérité sociale, on s'est bien écarté de la voie de la connaissance et de la sagesse, de la voie de l'humanisme et de la miséricorde. Je rétorque que bien dans des cas la comparaison entre les langues arabe et amazighe n'a aucune raison d'être. Peut-on choisir Mohammed contre tous les envoyés de Dieu avec leurs innombrables langues ? Peut-on choisir l'islam contre la science ? … On oublie malheureusement que la grandeur de l'humanité demeure dans sa diversité que Dieu a voulu qu'elle soit. Que deviendrait-il notre monde dans la chétivité et la médiocrité ?
On sait que l'humanité doit sa grandeur et ses richesses à sa diversité. C'est plutôt l'uniformisation à outrance et l'assimilation forcée qui aliènent les individus de la société en les contraignant à être ce qu'ils ne sont pas. De tels personnages charismatiques font appel à la religion, au sacré, afin d'imposer leurs opinions et arriver à soi-disant « convaincre » les autres, notamment les plus crédules. Dans les sociétés, ce mécanisme d’embrigadement demeure depuis longtemps d'une grande efficacité, parce que dès lors que l'on parle à une personne croyante de Dieu, de religion et de prophète, elle s'incline et accepte les opinions émises sans chercher à comprendre, ni à discuter.
Lorsque l’on accepte que la langue Tamazight que Dieu de la Terre et des Cieux a créée dans sa sagesse divine n'est pas une perte de temps, ni une médiocrité, lorsqu'on n'aura plus honte de son appartenance sociale, lorsqu'on sera fier de son authentique histoire, y compris les périodes antéislamiques, on peut commencer de parler de développement et de prospérité.
Par la nature de l’évolution nord-africaine, le sentiment identitaire propre à tous les Amazighes ne va pouvoir qu’être né. Ce passage ne peut être qu’incontournable. Même si elle est fragilisée par les systèmes politiques monolithiques, la langue amazighe appuyée par toutes les sociétés amazighes est bien loin d’être une langue minorée. En s’employant par des dizaines de millions de Nord-africains, Tamazight dans toutes ses riches variantes demeure la langue mère la plus parlée sur Tamazgha. Et elle a toutes les chances de s’en sortir. Il suffit de quelques décennies d’un enseignement amazighe standard, sérieux et large, et Tamazgha va revenir à sa plus propre nature. Le reste ne devient ainsi dire qu’affaire de temps. Cependant sauver Tamazight demeure plus que jamais une prise de conscience politique, car reconnaitre Tamazight doit passer par le terrain politique. Pour chaque Etat de l’Amazighie, il n’y qu’une et unique possibilité, c’est de doter Tamazight d’un statut de langue nationale et co-officielle. Tamazight déjà langue de culture a toute la prédisposition de devenir une langue de développement. Le génie amazighe fabrique des instruments qui ont leur existence propre, et Tamazight est ce que l’on a de plus humain. A cette bonne raison suffit sa défense. Si l’on se satisfait de sauver Tamezgha, on finira par se sauver soi-même, si l’on se contente de se sauver soi-même, on finira par ne pas sauver Tamezgha, et ça ne sera que la perte de soi-même.
Une base populaire primordiale saura confirmer définitivement l’existence des Amazighe en tant que civilisation basée sur un peuple, une histoire, une langue et une culture. Il est primordial de jeter des perspectives d’avenir globales et ce, loin de tout subjectivisme. On sait bien que c’est l’union qui fait la force. La désunion engendre la dislocation et le déclin total et fatal. C’est cet ordre que les asservissants étrangers, pan-arabistes et/ou arabo-amazighophobes ont réussi à maintenir à nos jours. Et comme le dixit A. Einstein : « Rien n'est plus proche du vrai que le faux. »

Nat Mzab
Notes
[1] Pour prendre connaissance un peu de l’école rituelle ibadite, je voudrais en passage apporter à la connaissance du cher lecteur que le mouvement ibadite défend axiomatiquement :
  1. La justice sociale.
  2. L’égalité des croyants.
  3. La nomination du guide de la communauté musulmane et ce, en dehors des critères raciaux et sociaux qui font des Arabes une caste supérieure.
Même si les antécédents de l’Ibadhisme remontent bien à Abu-Bilal Mirdas, c’est à Abdullah Ibn Ibadh  qu’il faut rattacher la formation définitive de l’Ibadhisme à la base de l’élaboration des premières doctrines de cette école islamique. La branche ibadhite selon une notice rédigée par l’historien Al-Darğini précise qu’Abdullah Ibn Ibadh «  fut imam de la voie, rassembleur de la cause au moment où s’opéra la division. Il fut la colonne des croyants, celui qui mit en lumière les procédés d’argumentation et les moyens de recourir aux fondements. Il fut le fondateur des constructions sur lesquelles s’appuieront les successeurs. Il abattit ce sur quoi se basaient les opposants. Il fut à la tête des décisions, le chef de ceux qui résidaient à Basra et en d’autres villes. Il fut le pionnier des grands émules qui rivalisèrent en excellence…     
[2] Le substantif amazighe ahwar avec une forme aheggar (plur. Ihware/iheggaren) veut dire en langue amazighe « apôtre ». Il y a une ancienne mosquée qui s’appelle Tamezgida tahwarit « la mosquée apostolique ». Avant l’arrivée de l’Islam, elle était très plausiblement une église.
[3] Toutes ces origines supposées et bien d’autres restent du domaine des pures légendes. Elles ont un grand dénominateur commun, c’est qu’elles demeurent de nature à fausser les pistes du savoir et de l’intelligence. En anecdote, l’on a même rencontré des familles qui détiennent des arbres généalogiques qui, en couvrant dans les meilleurs des cas 100 générations, les font remonter jusqu’à Adam. Cependant on oublie que si l’on se fie aux calculs établis par les anthropologues quant à l’apparition de l’espèce humaine (13 Ma), on serait conduit à donner le chiffre d’environ 394.000 générations ayant traversées les époques historiques et, notamment, préhistoriques où aucun humain n’usait encore d’une graphie. Ces arbres généalogiques qui existent ça et là ne peuvent que montrer ces fabulations généalogiques, l’inexactitude et la crédulité des gens. En fin, ce chiffre de 100 générations n’équivaut en grosso modo qu’à une durée de 3.000 ans. Ce qui, aux yeux de la science, est insensé et inadmissible.