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lundi 15 novembre 2010

AUX MARTYRS DE L’HISTOIRE ou Hommes Libres

AUX MARTYRS DE L’HISTOIRE ou Hommes Libres
Des écrits d’historiens, de journalistes, d’hommes politiques ont longtemps  soutenus que, depuis ses origines qui remontent à plus de 3000 ans avant Jésus Christ, l’Afrique du Nord n’a pas participé au mouvement de l’histoire ou si elle l’a fait, c’était à titre d’accompagnatrice d’une dynamique exogène.
En somme, les Amazighs - d’Afrique du Nord -, ont toujours été aux marges de l’histoire. Ils auraient porté haut les cultures punique, latine, arabe et dans une certaine mesure française, mais n’ont jamais porté haut leur propre culture, n’ont jamais constitué d’empire, n’ont pas  érigé d’Etat unifié. Ils n’auront été que des tributs épars, désunis, des « marches » pour des pouvoirs étrangers.
Ce jugement vrai en apparence, mérite d’être nuancé au vu des conditions géographiques et économiques de ce sous-continent qu’est Tamezgha « berbèrie », d’Afrique du Nord
D’abord, un observateur ne doit pas perdre de vue que la constitution d’un empire obéit à certains principes. Un empire est toujours une union forcée de plusieurs peuplades, lesquelles ne souhaitent à priori que leur autonomie. Un empire est toujours coercitif. C’est un empereur qui dispose d’une puissante armée qui puisse briser toute velléité d’indépendance.
Et l’armée a besoin – notamment depuis l’invention de l’agriculture – d’une base économique très riche pour se procurer nourriture, chevaux, armement. Seuls les sols très riches, très étendus disposant de beaucoup d’eau douce et situés en zones chaudes pouvaient nourrir les paysans, les artisans et entretenir une armée.
C’est pourquoi, dès l’apparition de l’agriculture, le Nil, le Yang Tse Keang, l’Inde, le Gange, l’Euphrate et le Tigre ont érigé les premiers empires, les premières civilisations. Le Pharaon à Tébés ou Memphis étendait sa domination sur l’Egypte de la méditerranée jusqu’au désert, l’empereur de chine, du pacifique jusqu’à l’Himalaya, l’empereur mogol de l’Himalaya à l’océan Indien. On peut même avancer que les USA sont le produit  du fleuve Mississipi- Missouri.- .
De petits empires ou royautés se sont constitués à certains moments lors de la décadence de certaines civilisations, ils ont été éphémères  (Indochine, Japon féodal, Corée, Combodge, fiefs féodaux en Europe….et même royaumes Amazighs – berbères -).
Il se trouve qu’en ce qui concerne, Tamezgha – berbèrie -, le relief très montagneux ne prédisposait pas à l’émergence d’un empire. C’est une région qui couvre 6.000.000km2, bien plus vaste que toute L’Europe et l’Asie Orientale, que l’altitude moyenne est très élevée (800m pour l’Algérie, un peut moins pour le Maroc et la Tunisie) que les montagnes morcellent le pays en de nombreuses petites plaines, très exigus avec souvent des défis hydriques conséquents, que les déserts sont sous peuplés.

En somme aucune petite plaine n’avait la population suffisante, la richesse suffisante, l’armée suffisante pour soumettre les autres petites plaines et ériger un Etat sur toute   Tamezgha – l’Afrique du Nord - Chaque petite plaine avait tendance à se constituer en entité autonome, jalouse de son indépendance. Le Tell Tunisien, le rivage Libyen, la plaine de Bounamoussa, le plateau Sétifien,  la Mitidja ( avec Alger), la plaine du Sig et surtout la plaine du Gharb au Maroc, ont érigé des Etats qui ont connu des fortunes diverses.
Par deux fois avec les Almoravides et les Almohades ce seront des cavaliers de l’Atlas - soutenus économiquement par les riches plaines céréalières de la bordure atlantique (avec Rabat) - qui feront par la violence l’unité de Tamezgha -l’Afrique du Nord -, incluant même le sud de l’Espagne. Ce seront des empires despotiques et intégristes à l’exemple du Saint Empire Germanique.
Par contre, la constitution de l’empire a à chaque fois rencontrée de fortes résistances. L’envahisseur, à chaque fois, a pu casser l’Etat central avec aisance parce que l’Etat central ne pouvait s’appuyer sur une armée autochtone impossible à nourrir. Mais, l’envahisseur, lorsqu’il s’attaquait aux tribus prises isolement avait du fil à retordre parce que chaque tribu tenait à défendre ses terres et le statut d’hommes libres de ses habitants.
Une remarque importante est à effectuer à ce sujet : les habitants de ces petites plaines ont toujours été des hommes libres parce qu’il n’existait aucune force externe susceptible de les asservir. Les grands empires ont bâti leur puissance sur l’esclavage, les petites plaines ont été des zones de liberté- des amazighes. Même en Europe médiévale, les royaumes se sont érigés autour de la Seine (royaume franc) de la Garonne (Aquitaine), Rhin et Meuse (Allemagne - Hollande), de la Tamise (Angleterre).a de tout temps été une paysannerie armée pour préserver son statut. 
Tous les fiefs, en Europe, se sont basés sur le servage pour construire églises et châteaux  forts. Toute proportion gardée Tamezgha - l’Afrique du Nord -, même avec les empires autochtones, n’a pu connaître une telle soumission. Et comme preuve, la paysannerie en Berbèrie.
Les seules fois où l’Afrique du Nord a été désarmée ce fut lors de la colonisation française et lors de la constitution d’Etats post-indépendance, c'est-à-dire quand la population a cessé d’être maîtresse de son destin.
En somme, la configuration géographique - de nombreuses petites plaines isolées les unes des autres par des chaînes montagneuses - a prédisposé en Berberie à l’autonomie des tribus et à la libération de l’homme et même à des institutions relativement démocratiques (Djemaa..), elle a aussi engendré la fragilité de l’Etat central qui tombait facilement sous les coups de boutoirs de l’ennemi extérieur que ce soit Rome, Damas, Istanbul ou Paris.
Pour la vérité historique, il faut ajouter que même les petits Etats ou Royaumes n’étaient pas exempts  de violence ou d’archaïsmes
Les Djemaas excluaient les femmes, les étrangers et les familles réputées d’origines noires. Le Sud a Jusqu’à un passé très récent été le théâtre d’un esclavage le plus éhonté. La traite des noirs n’a été abolie- du moins en Algérie- qu’en 1848 par un décret français.
Les juifs et les noirs n’avaient pas le droit de porter une arme ou même de monter à cheval. Les Juifs devaient porter une coiffe spéciale pour les distinguer des musulmans. Bien entendu ce statut minoré des juifs n’était rien à coté des massacres qu’ils subissaient en Europe.
Aujourd’hui que les contraintes géographiques sont dépassées,  que les communications se font à un clic « de souris » sur Internet d’autres problèmes ont surgi.
Pourtant en 1958, à Tanger, Tamezgha -l’Afrique du Nord - avait émis l’espoir d’une unité. En vain l’égoïsme des Etats - Nations l’a emporté sur la logique d’union. Pourtant on ne peut pas parler de nation Marocaine, Algérienne ou Tunisienne ou autres. C’est le même peuple, la même culture, les mêmes mythes fondateurs. Les Etats ont forgé leur propre logique conservatrice et souvent archaïque. Hélas, il a fallu des pressions externes pour stimuler un processus d’union. L’amorce a été faite à Barcelone en 1985, l’OMC, l’UE auraient souhaité un bloc nord africain uni. De nouveau l’extérieur est plus déterminant. Peut être que l’écart technologique entre Tamezgha  et l’Occident va-t-il nous contraindre à un rattrapage qui ne peut être que le résultat d’une union.


                                                                        Madjid AIT MOHAMED

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